Note d’intention
Ce nouveau projet de création naît d’un désir de s’emparer de la notion d’ennui par le corps. L’ennui en groupe, l’ennui comme forme d’une attente, comme forme du temps étiré. Cette notion de temps long dans la danse, Sylvère Lamotte l’a déjà abordée dans sa première pièce, Ruines. Une pièce très physique où la lenteur et la poétique des corps questionnaient le regard du spectateur. Cette fois, le chorégraphe prolonge sa réflexion et propose une Odyssée collective pour l’ennui.
Cette réflexion autour du temps d’un spectacle, d’un mouvement, a toujours accompagné Sylvère Lamotte, que ce soit en tant que danseur ou chorégraphe.
La notion d’ennui est abordée au travers de la physicalité et de la poétique des corps, avec l’envie de rappeler que s’ennuyer est une chance. Un temps humain nécessaire à l’imagination, à toute production artistique.
« Enfant, j’ai eu la chance de m’ennuyer.[…] L’ennui de mes après-midi d’enfance était un voyage où le temps m’appartenait, un espace où j’ai fabriqué d’immenses rêves, un monde sans commencement ni fin […] ».
L’Ennui des après-midi sans fin de Gaël Faye
En replongeant dans ses souvenirs d’enfance, Sylvère Lamotte a connecté cette question de l’ennui avec celle de l’attente pendant ces longs après-midi des dimanches sans fin, des crêpes sur le Billig, où l’excitation laissait place à ce sentiment de découragement, qui étirait le temps. Dans ce laps de temps, qui paraissait interminable, c’est vers la danse qu’il se tournait, le corps devenant un outil malléable et inépuisable de détournements poétiques.
Voyage au bout de l’Ennui se conçoit comme une invitation à embarquer pour une terre d’imaginaire et de rêverie, qui n’est pas sans rapport avec le temps de l’enfance. Le chorégraphe entend parler de l’ennui avec un groupe de cinq danseurs, même si dans notre inconscient collectif, s’ennuyer est plutôt apparenté à un état solitaire. Pour les danseurs, embarquer dans un voyage pour l’ennui pourrait sembler contre-nature car danser c’est fondamentalement effectuer des actions. Découle alors une multitude de questions : sous l’immobilité apparente quels mouvements peuvent exister ? Quels réels mouvements produit l’ennui ? Qu’est-ce qu’un corps de la non-action, du non-vouloir ? Est-ce possible de s’ennuyer seul au milieu d’une foule ? L’ennui peut-il être un élan collectif et non un constat ? Allez venez, on s’ennuie !
Avec cette pièce, le chorégraphe s’adresse en particulier aux jeunes générations, mais que l’on ait 7 ou 77 ans, ce voyage est destiné à notre âme d’enfant. Nous avons tous fait l’expérience de ce temps étiré, de ce sentiment de vacuité. C’est là que prend racine l’angoisse du temps perdu, voire la culpabilité de l’immobilité apparente. Face à la crainte que produit l’ennui dans notre inconscient collectif, les danseurs cheminennt sur cette ligne de crête, les angoisses d’un côté, le jugement de l’autre, en allant vers cet imaginaire qu’ouvre ce « Hors-temps ».
Hors-temps qui est également le lieu de naissance des liens qui forment une idée. C’est dans ce temps perdu que nous cherchons à danser collectivement, reliant ennui et création.
Dans ce rapport intime que j’entretiens à l’ennui et plus spécifiquement au temps qui stagne et s’éternise, le collectif m’est toujours apparu comme un espace de résonance salvateur. Non pas pour fuir ou « vaincre » l’ennui mais pour le prolonger, l’amplifier. Dans ce champs des possibles, on peut envisager de le partager. Qui ne se souvient pas d’un moment de solitude au milieu d’un groupe, captivé, émerveillé ? Ici le groupe amplifie mon état de conscience et s’évader n’a jamais été aussi facile qu’à contre-courant. Je souhaite cette ode à l’ennui profondément ludique où les corps collaborent dans un jeu de construction pour s’évader et continuer cette odyssée des errances.
Création 2022
Chorégraphe Sylvère Lamotte
Danseuses.eurs Carla Diego ou Clara Serafini, Gaétan Jamard ou Adrien Lichnewsky, Laureline Drouineau, Rémi Richaud, Jérémy Kouyoumdjian ou Nicolas Garsault et Sylvère Lamotte ou Marius Delcourt
Regards extérieurs et complices Brigitte Livenais, Olivier Letellier
Création lumière et son Jean-Philippe Borgogno, Sylvère Lamotte
Régie générale Jean-Philippe Borgogno
Régie plateau Ludovic Croissant
” Un « Voyage au bout de l’ennui » dansant et réjouissant. Les danseurs virevoltent, les rêveries s’installent, les pitreries deviennent bêtises, puis folie. (…). Jouissif. ” Ouest France – Octobre 22
” Voyage au bout de l’ennui nous convie avec espièglerie et délectation à renouer avec notre imaginaire d’enfant. Et c’est une belle réussite. (…) Le spectacle séduit par sa danse pimentée de facéties et drôleries, hautement recommandable et recommandée, pour nos enfants et les enfants que nous sommes, espérons-le rester un peu au fond de nous”. A voir et à danser – Décembre 22
” Un spectacle joyeux et inventif autour de la communauté, du temps et de l’attente.” Télérama – Rosita Boisseau – Décembre 22
” Sylvère Lamotte déjoue les pièges du titre de sa création pour livrer une reflexion enjouée mais profonde sur la dynamique de l’ennui à hauteur d’enfants.” La Terrasse – Nathalie Yokel – Décembre 22
” De la danse réjouissante pour raconter la suspension du temps. “ TTT Télérama – Françoise Sabatier Morel – Janvier 23
” Quand l’ennui des après-midi sans fin fait danser l’imaginaire. Ce voyage offre une dimension tonique et joyeuse, malicieuse et propice à la danse, à mille lieux d’être soporifique. “ Paris Mômes – Maïa Bouteillet – Février 23
” Avec Voyage au bout de l’ennui, Sylvère Lamotte fait du sentiment de vacuité un formidable tremplin vers l’imaginaire. “ La Terrasse – Delphine Baffour – Février 23
DISTRIBUTION
Née à Barcelone, elle a commencé ses études en danse classique à l’âge de 12 ans. Elle a poursuivi sa formation en participant à de nombreux ateliers avec des chorégraphes internationaux et nationaux tels que Ohad Naharin, Hofesh Shechter, Richard Siegal, Fernando Hernando Magadan ou Sharon Fridman. Carla a travaillé dans le théâtre musical (Hoy no me puedo levantar, Los 40, el musical, Beauty and The Beast) et comme danseuse dans les compagnies de LASALA (Judith Argomaniz), Poliana Lima, Iker Karrera et Cie Burn Out (Jann Gallois ). Elle a participé à des concours et festivals chorégraphiques avec Nexo(s), une œuvre qu’elle a co-chorégraphiée, “plangĕre”, sélectionnée pour le Red de Cielo Abierto 2018 et LA VIVA MUERTE, sélectionnée pour le 32e Certamen de Madrid et récompensée par le programme de recherche chorégraphique bourse pour BMotion Festival 2019. Elle a également travaillé comme chorégraphe pour la publicité et le théâtre. Actuellement, elle poursuit sa carrière professionnelle en tant qu’enseignante, chorégraphe et danseuse.
Diplômé du CNSMD de Lyon en juin 2006, Gaétan Jamard intègre en 2007 le Jeune Ballet jusqu’en Juin 2008, où il travaillera avec Frédérique Cellé, Cyril Viallon, Jean-Claude Gallotta et sur une pièce de Jean-Christophe Maillot. En 2008, il participe à la création Don Quichotte, Itinéraires intérieures d’un chevalier errant chorégraphié par Gilles Verièpe. Il fait une reprise de rôle dans Comedy de Nasser Martin Gousset depuis mars 2009 et intègre sa dernière création Pacifique (2010/2011). De plus, il entreprend une reprise de rôle dans Prologue d’une scène d’amour et scène d’amour pour la Cie Yuha Marsalo. Il travaille actuellement pour la Cie Act2 Catherine Dreyfus, sur la création jeune public Et si j’étais moi ! avec laquelle il intervient dans des ateliers pédagogiques, et continuera cette collaboration pour sa prochaine création Éloge de la métamorphose et Miravella. Il travaille actuellement sur la création de Tendre Achille pour la Cie 47.49 François Veyrunes. Gaétan rejoint la Cie de Flavia Tapias en février 2014 pour la pièce Abundancia et actuellement pour d’autres projets comme la dernière création Sei coisas lindas de ti ainsi que Que dia é hoje ? C’est au sein de Grupo Tapias qu’il souhaite créer Retour en tant que chorégraphe et interprète.
Formé au CNMSDP dont il sort diplômé en 2015, puis au Ballet Junior de Genève, Rémi entame sa carrière de danseur interprète auprès d’Olivier Dubois pour la création Auguri. Pendant deux saisons, il tourne avec la compagnie pour les spectacles Auguri et Les Mémoires d’un Seigneur.
Il travaille également à Genève avec la chorégraphe Perrine Valli, et collabore avec le collectif La Horde pour la performance The Master’s Tool.
En janvier 2018, il rejoint le CCN – Ballet de Lorraine en tant qu’artiste chorégraphique permanent sous la direction de Petter Jacobsson. Au sein du Ballet de Lorraine, Rémi explore un répertoire varié, travaillant notamment sur des créations de Thomas Hauert, Loïc Touzé, Olivia Grandville et Maud le Pladec. Il se familiarise également avec les oeuvres de Merce Cunnigham et Twyla Tharpe.
Après quatre saisons au Ballet, il décide en 2022 de monter sa propre structure, la compagnie Kosa. Ainsi, il se lance dans son premier projet, BOYS CLUB, tout en poursuivant sa carrière d’interprète avec d’autres chorégraphes, notamment Adel El Shafey (Cie Le Scribe) pour la pièce Yalla, my friend.
Dans le cadre de la Compagnie Kosa, Rémi mène des projets pédagogiques en milieux scolaires et associatifs d’introduction à la danse contemporaine et de sensibilisation aux thèmes abordés dans le répertoire de la compagnie.
Il rejoint en 2023 l’équipe de la Cie Lamento pour Voyage au bout de l’ennui.
SOUTIENS
Production Compagnie Lamento
Co-productions La Maison/Nevers, scène conventionnée Art en territoire, Essonne Danse, La Maison des Arts et de la Culture de Créteil, L’Entracte, scène conventionnée Art en Territoire de Sablé-sur-Sarthe
Soutiens La MC2 à Grenoble, Visages du Monde à Cergy, le CDN Tréteaux de France, l’Espace Culturel le Reflet à Saint-Berthevin, la Direction Régionale des Affaires Culturelles Auvergne Rhône-Alpes, Ministère de la Culture et de la Communication, le département de l’Isère, la ville de Grenoble et l’ADAMI.
Sylvère Lamotte est artiste associé à la Maison/Nevers, scène conventionnée Art en territoire.
La compagnie est en résidence artistique en Isère dans le cadre du dispositif triennal du département et de la communauté de communes des Balcons du Dauphiné. Elle est également en résidence au sein d’Essonne Danse et associée à la Rampe- La Ponatière Echirolles, Scène Conventionnée Art et Création danse et musiques.